Gravures et dessins
Je commence toujours ma peinture par un travail de sa surface. Les gravures viennent avant et après la peinture.
Avant, pour mettre en branle la surface de la peinture, comme une imminence suspendue, une surface tout juste visible qui en sépare et en rapproche le devant et l’arrière, le début et la fin.
Il s’agit d’une intimité par contact, l’empreinte d’une surface qui s’efface et s’oublie : une infra-intimité qui dépose une infra-présence, une inimaginable et insaisissable présence.
La peinture achevée, les gravures sur cire contractent la force et la réceptivité d’une matrice, chair gravée qui conserve la mémoire des gestes, des effacements, des retraits successifs et l’activité d’une forme dessinée, brutale, directe et immédiate.
Dans cette pratique, qui opère par l’envers, le fond met une pression sur l’avant de l’image, insuffle l’énergie sur sa face visible. C’est aussi un “avant” la peinture comme il en est, paradoxe, un “après”.
“Gravures”, 2013, plaque de cire d’abeille, encre acrylique, sur papier Vélin d’Arches, 600 gr/m2, 76 x 56 cm.