La nature à bout de souffle
Je pense ma peinture en marchant. Voir et penser par les pieds, pour peindre, à la mémoire de ces paysages éprouvés, de pics en rivières et de forêts en lacs, l’envers de ces grands corps en souffrance et en joie que sont la peinture et la nature.
La rivière. Ce corps aimé, arpenté et scruté que je fouille du regard et foule par les pieds. Au plus loin de mes marches, je reviens sans cesse à cette traversée, à gué, l’esprit toujours hanté par cette adolescente tragédie, ce corps qui refait surface, bleui par les eaux froides et se pose inerte sur les galets.
Les larmes s’évaporent au contact de la pierre chaude. Reste la couleur montée du fond de la rivière.
La peinture cesse d’être une image.
La peinture est la mise en scène de l’absence désirée, le doux fracas d’une déchirure dans l’enveloppe lisse, l’incident qui déchire l’aimable image.
Les trouées, tels des soupirs, disent l’émotion de ce manque et portent un souffle tendre qui irise la surface incomplète de l’image, fondant dans la même temporalité l’avant et l’après, le devant et l’arrière.
Dans la perception du tableau peint, comme un tout, dans ce visible qui nous émeut, il reste un indicible, un sens qui nous échappe, qui ne peut se désigner ni être saisi par le désir. En peinture, dès lors que l’on comprend, il n’y a plus rien à désirer.
Le désir impliqué dans l’image, celui de posséder ce que l’on voit, de combler par l’imaginaire ce qui manque à la satisfaction du regard se heurte à l’incomplétude du sujet. Ce que je cherche m’observe, me manque et je dois remplir ce vide jusqu’au trop plein, au ras bord, au risque du débord.
La surface de l’image ne peut contenir la totalité de ce désir de voir qui ne trouve d’issue possible que dans le profond, c’est là le domaine de la peinture. Pour jouir de ce que je vois, je dois m’enfoncer, plonger sous la surface, accepter ma cécité et tendre le regard vers le fond.
L’image traversée, laissée derrière ma vue, je peux dès lors dériver dans les profondeurs de la peinture.
La peinture au bout du souffle.
“Gentiane jaune, chemin du haut Guil vers Rocca del Castello”, 2023, fusain et encre acrylique sur papier de soie résiné et marouflé sur toile de lin, 150 x 120 cm.
“A. au Saulou à Larnagol sur la rivière Lot”, 2023, dessin au fusain et encre acrylique sur papier de soie résiné et marouflé papier Vélin d’Arches 650 gr., 77 x 57 cm.
“A. au Saulou à Larnagol sur la rivière Lot”, 2023, dessin au fusain et encre acrylique sur papier de soie résiné et marouflé papier Vélin d’Arches 650 gr., 77 x 57 cm.
“Uniflore vers la Tête du Pelvas”, 2023, dessin au fusain et encre acrylique sur papier de soie résiné et marouflé sur papier Vélin d’Arches 650 gr., 77 x 57 cm.
“Ancienne cabane des Douanes”, 2022, dessin au fusain et encre acrylique sur papier de soie résiné et marouflé sur papier Vélin d’Arches 650 gr., 77 x 57 cm.
“Le Saulou à Larnagol en bord du Lot”, 2022, dessin au fusain et encre acrylique sur papier de soie résiné et marouflé sur toile de lin, 160 x 140 cm.
“Le Saulou à Larnagol en bord du Lot”, 2022, dessin au fusain et encre acrylique sur papier de soie résiné et marouflé sur toile de lin, 140 x 200 cm.
“Le Saulou à Larnagol en bord du Lot”, 2022, dessin au fusain et encre acrylique sur papier de soie résiné et marouflé sur toile de lin, 150 x 140 cm.
“Le Saulou violet à Larnagol, sur le Lot”, 2021, dessin au fusain et peinture sur papier de soie résiné, marouflé sur toile de lin et monté sur châssis, 140 x 140 cm.